La plume des écrivains
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 la guerre éternelle

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salimbye
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MessageSujet: la guerre éternelle   la guerre éternelle Icon_minitime1Mar 8 Mar - 0:45

La guerre éternelle
 
Par : Laabali



Comme tous les soirs, sa grand-mère maternelle vint s'installer près de sa
couche et commença à lui raconter une histoire pour l'endormir.
« Il était une fois deux jeunes filles, Vérité et Médisance, qui vivaient dans
le même hameau et se fréquentaient souvent malgré leurs caractères, physique et
moral, diamétralement opposés
Vérité, dont les parents étaient très pauvres, travaillait durement pour leur
venir en aide. Chaque matin, elle se rendait à la forêt pour ramasser du bois
afin de l'échanger contre une miche de pain. Toute petite, elle avait attrapé
une de ces maladies fréquentes dans ces contrées perdues. Le guérisseur et le
chef de la tribu intimèrent à la maman une mise en quarantaine de la petite.
Aussi Vérité fut-elle enfermée pendant une longue durée. Quand elle se rétablit
et fut autorisée à fréquenter les filles de son âge, les habitants de la tribu
furent horrifiés par la laideur de cette créature. Ossue, elle était élancée et
louchait des deux yeux Avec sa chevelure ébouriffée, elle avait l'air d'un
monstre. Ses jambes menues et très longues supportaient péniblement un torse
rond et pointu. Ses bras, quand elle les baissait dépassaient largement ses
genoux. Elle n'avait presque pas de fesses. Son déhanchement rappelait celui de
l'autruche ou du gorille qu'elle avait l'habitude d'apercevoir, de temps en
temps, dans la plaine broussailleuse ou sous les arbres de la forêt dense.
Souvent, en la voyant venir, les jeunes filles de son âge criaient : « Le marteau
arrive » et se tenaient tranquilles jusqu'à ce qu'elle s'éloigne. On l'avait
surnommée ainsi tellement elle ressemblait étrangement à cet outil dont se
servaient beaucoup d'habitants de la tribu dans leurs tâches quotidiennes. Gare
à celles qui essayaient de se mettre sur la route du marteau. Elle les écrasait
par son verbe franc et direct. Vérité blessait. Vérité dérangeait. On fuyait
Vérité.
Pourtant, beaucoup de qualités trouvèrent assez d'espace pour cohabiter
ensemble dans ce corps hideux. Equité, gentillesse, politesse, amabilité et
beaucoup d'autres familles de vertus vivaient paisiblement dans ce corps aux
allures d'un interminable couloir étroit.
Vérité dont le cœur jaillissait de sensations fortes, pures et nobles n'avait
jamais compté que sur elle même pour venir à bout de tous ses malheurs. Hélas !
Souvent, du bien qu'elle semait partout où elle passait, elle ne récoltait, en
contre partie que du mal. Seul un jeune homme s'intéressait à elle bien qu'elle
n'osait même pas l'approcher. Il l'écoutait attentivement, lui demandait
parfois conseils, l'aidait souvent dans les tâches pénibles qu'elle effectuait.
Médisance, par contre, était d'une beauté aphrodisiaque. Un visage aux traits
fins, des yeux noirs taillés noisette, un nez régulier, on dirait l'œuvre d'un
sculpteur aux mains habiles. Ses cheveux noirs tombaient en cascades sur ses
épaules souvent nues. Quand elle marchait, sa silhouette fine et élancée
ondulait majestueusement et mettait en relief sa beauté éclatante. Elle avait
un corps bien proportionné et merveilleusement bâti dont chaque partie -
visible et invisible- faisaient rêver la moitié des jeunes de la tribu, l'autre
moitié était plutôt attirée par sa fortune. En effet, son père, M. Succès,
était immensément riche.
Le seul handicap qui raisonnait tous les prétendants rêveurs et les tenait à
l'écart malgré les alléchants atouts, aussi bien physiques que matériels,
qu'exhibait fièrement et généreusement Médisance était son art de la ruse, du
mensonge, et surtout du mal qu'elle nourrissait et entretenait soigneusement,
son visage angélique aidant, et que la malheureuse Vérité récoltait injustement
quand il était bien mûr.
Ayant appris que celle-ci était courtisée par Principe, le plus beau jeune
garçon de la tribu, Médisance devint furieuse et plus méchante que d'habitude.
Elle se demandait comment ce jeune avait rompu tous les liens séducteurs
qu'elle avait péniblement, mais solidement, tissés autour de lui. Comment il
l'avait délaissée pour cette créature difforme.
Cette funeste nouvelle mit la plus belle fille de la tribu hors d'elle et prit
le caractère d'une déclaration de guerre ouverte sur tous les fronts et plus
particulièrement contre Vérité. A partir de ce moment, tout ce que disait ou
faisait cette dernière était intentionnellement et malicieusement déformé par
Médisance, aidée dans cette tâche par son frère Mensonge et sa sœur Calomnie. »

Comme tous les soirs, sa grand-mère paternelle vint s'installer sur le moelleux
sofa près de son lit et commença à lui raconter une histoire pour l'endormir.
« Il était une fois deux jeunes garçons, Principe et Intérêt, qui vivaient dans
la même tribu et se fréquentaient souvent malgré leurs caractères, physique et
moral, diamétralement opposés.
Issu d'une famille très riche, Principe avait une peau basanée, un visage rond
avec des yeux bleu clair, des cheveux noirs, brillants et ondulés. Son corps
bien sculpté, sa poitrine large et bombée dénotaient, d'une manière évidente,
la force et la virilité. Dame nature qui avait pétri ce physique modèle ne
lésina pas sur les ingrédients vertueux pour parfaire son chez d'œuvre :
gentillesse, altruisme bonté de cœur et virilité. Toute la junte féminine
rodait autour de lui dans l'espoir d'attirer son attention d'abord, et de le
séduire ensuite. Alors qu'il n'avait pas encore atteint l'âge de douze ans, il
connut tous les regards langoureux, tous les gestes chargés de messages
excessivement séducteurs, tous les sourires brillants et accueillants.
Cependant, Principe restait indifférent à toutes ces invitations indirectes
mais combien douces. Il n'avait de pensée que pour la jeune Vérité qui l'avait
séduit, non pas par sa beauté, puisqu'elle était la plus moche de la tribu,
mais plutôt par ses incalculables qualités et vertus. Par conséquent, Principe
avait fait savoir à toute sa famille et à tous ses amis qu'il ne prendrait
comme épouse que cette fille malgré tous les défauts physiques dont elle
souffrait. Tout le monde avait beau essayé de le dissuader de ce projet insensé
en soulignant les innombrables inadéquations de ce mariage, mais c'était peine
perdue.
Intérêt, par contre, était très petit et trapu, avec une énorme tête ronde de
la taille d'une jarre. Ses bras vigoureux et poilus ne lui étaient d'aucune
utilité car ce bout d'homme incarnait la fainéantise. Il avait un regard vif et
perçant ; on dirait un fauve fixant sa proie et prêt à bondir sur elle. Pour
parvenir à ses fins, Intérêt usait de toutes les ruses et les astuces
inimaginables.
Pourtant, beaucoup d'habitants de la tribu se trompaient sur son compte et
avaient de la compassion pour lui. Menant une vie insouciante, ce paresseux
avait l'art de laisser aux autres la peine et le devoir de l'entretenir et de
l'engraisser.
Bien que ses parents soient très pauvres, il n'avait jamais pensé leur venir en
aide. La seule question qu'il se posait chaque matin en se réveillant était : «
Comment procéder pour tirer profit de telle ou telle situation ? »
Ayant appris que Médisance passait par une phase très déprimante, il vint la
voir en simulant le consolateur. Cette dernière l'informa de l'union de
Principe avec Vérité. Intérêt promit alors de mettre à la disposition de la
malheureuse toute son expérience afin de ridiculiser les deux futurs mariés.
Un jour, Dame Jalousie, une femme restée célibataire rien que pour attiser les
colères et aiguiser les haines entre les habitants, vint rappeler à Médisance
le bonheur qui attendait Principe et Vérité. Intérêt qui rodait dans les
parages en quête d'une brebis galeuse prête à être tondue, entendit leurs
propos. Il analysa la situation et en déduisit qu'il fallait intervenir
rapidement et énergiquement. Aussi vint-il voir Médisance et insista encore une
fois sur la nécessité d'agir en commun pour compliquer la vie au couple en
question. Il se lança dans une démonstration obscure et très compliquée pour
aboutir à ce résultat simple et très clair. Il fallait qu'elle le prenne pour
époux si elle voulait anéantir le projet de ses ennemis. Jalousie bénit cette
proposition tout en lui démontrant à son tour que cette démarche était le moyen
le plus efficace pour faire voler aux éclats le mariage en question. Elle
insista sur cette stratégie en faisant miroiter l'image de Principe rompant son
union avec Vérité et se rendant sans peine vers celle qui l'aimait et qui ne
cessait de penser à lui.
Une semaine après, Intérêt fut reconnu comme futur gendre de M. Succès malgré
une opposition farouche mais passagère de celui-ci.
En entrant de plein pied dans la vie conjugale, les deux couples entrèrent en
même temps dans une guerre sans merci. Autant Vérité et Principe essayaient
d'éviter les problèmes, autant Médisance et Intérêt leur en créaient davantage.
Depuis cette date là, tout ce que rapportait Vérité était outrageusement
déformé par Médisance.
Ainsi, selon cette dernière, J. Christ s'était suicidé et ne fut pas crucifié
comme le prétendait son ennemie. Socrate mourut à la suite d'une overdose de
drogue, la pénicilline fut découverte par un afghan, Hitler fut le plus grand
bienfaiteur de l'humanité, ce n'était que la sosie de Lady Diana qui mourut en
France, la vraie princesse vivait toujours en Argentine, Clinton eut deux
enfants avec Monica, Cecilia découvrit, en flagrant délit, Sarkozy et Royal
dans un petit hôtel des environs de Paris…
Il arrivait parfois que cette guerre devienne rageuse pour un sujet ou une
situation futiles. Tel, par exemple, ce petit inspecteur de l'enseignement qui
vivait paisiblement, travaillant selon ses modestes capacités et appliquant
consciencieusement les notes, les circulaires et les directives de ses
supérieurs sans jamais se poser de questions jusqu'au jour où il se trouva
involontairement projeté au devant de la scène, à la merci des deux
protagonistes qui se le renvoyaient mutuellement comme un ballon de volley
ball. L'histoire de ce fragile petit cadre du Ministère de l'Enseignement prit
une telle ampleur qu'elle devint un sujet incontournable qui meublait les
conversations aussi bien dans les administrations, pour fuir la routine de la
paperasse, que dans les cafés quand il n'y avait pas de match de foot ball ou
de film hindou truffé de sentiments et de chansons.
Les deux belligérants prirent leurs positions sur tous les points stratégiques
et déployèrent leurs artilleries lourdes : Médisance lançant des assauts
successifs dans le but d'effacer Vérité de la surface de la terre, et celle-ci
se défendant tant bien que mal pour sauver tous les gens qui avaient des
principes. Cette situation dura des siècles et des siècles et fut rapportée par
des générations et des générations
Avec le temps, l'histoire du petit inspecteur méconnu prit alors la forme d'un
conte que racontaient les grands-mères aux petits enfants pour les endormir. »

Comme tous les soirs, sa grand-mère Vérité vint s'installer près de sa couche
et commença à lui raconter une histoire pour l'endormir.
« Il était une fois un inspecteur de l'enseignement qui vivait paisiblement,
travaillant selon ses modestes capacités et appliquant consciencieusement les
notes, les circulaires et les directives de ses supérieurs sans jamais se poser
de questions.
Un jour, il décida d'aller passer une heure avec un professeur qui enseignait
dans un petit village. En y arrivant vers 14h20, le représentant du Ministère
de L'Education jugea utile de retarder sa visite jusqu'à 15h pour pouvoir
assister à la leçon toute entière ; et afin de passer le temps qui lui restait,
il résolut de prendre un café. En dégustant paisiblement le breuvage qu'il
avait commandé, son attention fut attirée par un éclat de rire qui provenait de
l'intérieur du café. C'est alors qu'il vit, assis au milieu d'une dizaine
d'individus crasseux et mal habillés, le professeur qu'il comptait inspecter
quelques minutes après. L'enseignant qui était sensé être dans sa classe,
expliquait à haute voix à son auditoire, comment procéder pour gagner un pari
sur les chevaux de course. Les mots « tiercé et quarté » fusaient dans tous les
sens. L'inspecteur se dit que le professeur en question était peut-être en
congé de maladie, et puisque les médecins ne mentionnaient jamais sur les
certificats si les patients devaient ou non garder la chambre, beaucoup
d'employés qui relevaient de la fonction publique recouraient à ce procédé pour
bénéficier d'un repos illégalement mérité. L'encadreur pédagogique regrettait
de s'être déplacé inutilement et se mit à feuilleter un journal qui traînait
sur une table. Vers 15 h, alors qu'il réglait sa consommation, il remarqua que
l'enseignant avait mystérieusement disparu. Il se demanda s'il avait réellement
vu ce dernier quelques minutes auparavant. Etait-ce une hallucination ?
Couvait-il une fièvre ou une autre maladie dont les médecins lui révéleraient
le nom au cas où il aurait les moyens de les consulter ? Il se résigna à aller
faire son inspection.
Le directeur de l'établissement le reçut en souriant. Il l'informa que le
professeur qu'il comptait voir était dans la salle 16 avec ses élèves.
L'encadreur faillit s'évanouir, mais il se ressaisit lorsque le chef
d'établissement ajouta : « C'est un professeur qui nous crée énormément de
problèmes. Il s'absente souvent alors qu'il a des classes qui passeront un
examen national à la fin de l'année. Tenez, aujourd'hui par exemple, il est
arrivé au collège avec 45 minutes de retard. Quelle génération d'enseignants !
». Les battements de cœur de l'inspecteur devinrent réguliers. Il était sain et
sauf. Il évita d'évoquer ce qu'il avait vu au café et se dirigea
tranquillement, en compagnie du directeur vers la salle 16. Celui-ci était très
bavard .Il voulut expliquer au visiteur les lacunes et les points faibles de la
politique de l'enseignement. Il prétendait maîtriser les tenants et les
aboutissants de cette situation. Ne s'était -il pas présenté aux élections
communales à deux reprises. Il les aurait remportées si le vote s'était
démocratiquement déroulé et si son adversaire n'avait pas assez d'argent pour
acheter les voix des électeurs aux responsables. Ils arrivèrent à la salle 16.
L'enseignant les reçut comme il se devait. Le directeur s'éclipsa tandis que
l'inspecteur prit place au fond de la salle. Il remarqua très vite que le professeur
n'avait pas de cartable et par conséquent, pas de document pédagogique pour
mener la leçon du jour. Seuls un morceau de craie et un paquet de cigarettes
traînaient sur le bureau. Sur ordre de Médisance, l'enseignant tenta
d'expliquer cette situation inhabituelle à l'indésirable visiteur. C'était un
jour exceptionnel. Il venait juste d'arriver d'un enterrement. Et comme il
avait peur de perdre beaucoup de temps, il avait préféré venir directement du
cimetière au collège. Il se lança ensuite dans une explication de texte
surchargée d'improvisations maladroites et de paraphrases qui défiguraient
piteusement le sens de chaque paragraphe. La sonnerie de 16 h délivra
l'enseignant et l'encadreur pédagogique. Le premier était à bout de souffle, le
second à bout de nerfs.
Avant de partir, le représentant du Ministère de l'Education fit savoir au
professeur qu'il ne pouvait pas rédiger de rapport sur la leçon tant qu'il ne
jetterait pas un regard sur le cahier de textes de la classe pour vérifier si
toutes les leçons étaient effectivement abordées. L'enseignant lui répondit
que, la veille, il avait involontairement emporté ce document dans son
cartable. L'inspecteur lui demanda alors gentiment de le déposer auprès de
l'administration afin qu'il puisse le voir au cours de la semaine suivante.
Ils se quittèrent.
Comme prévu, une semaine après, le missionnaire revint au collège et demanda le
document en question. Le chef d'établissement répondit qu'il n'avait rien reçu
du professeur. Il pria le visiteur de s'asseoir et partit lui-même chercher le
fameux cahier de textes.
Quelques minutes plus tard, il revint bredouille. Le professeur n'avait pas le
document tant sollicité.
Et le directeur trouva prétexte pour se lancer encore une fois dans une
tortueuse argumentation où il était question du niveau des apprenants qui ne
cessait de baisser, de la politique désastreuse de l'enseignement dans le pays,
du laxisme des responsable dans le choix des futurs enseignants, des syndicats
corrompus par le patronat. Seuls les inspecteurs de l'enseignement échappaient,
on ne savait par quel miracle, à sa critique désordonnée. Grisé par son
discours oratoire, le chef d'établissement se jeta dans les méandres de la
politique internationale et en sortit avec cette ruisselante conclusion : tous
les malheurs du pays avaient pour origine l'occupation de La Palestine et la
guerre du Golf. Il regarda par la fenêtre dans l'espoir de dénicher un autre
sujet d'actualité plus sulfureux. Malheureusement, le professeur dont le
comportement avait déclenché ce monologue incohérent fit irruption.
L'inspecteur crut que ce dernier venait pour s'excuser étant donné qu'il
n'avait pas tenu sa promesse.
Mais au lieu de parler du document, source de toutes les tracasseries, il
s'adressa directement au représentant du Ministère de l'Education et lui
demanda dans un langage, on ne peut plus cru, les raisons pour lesquelles tous
ses supérieurs le visaient. Le directeur, en tant que politicien chevronné,
tenta d'intervenir pour négocier avec civisme les doléances de l'enseignant,
mais celui-ci lui ordonna de se taire. Ce qu'il fit gentiment.
Les yeux exorbitants, le professeur qui avait une peau brune et un corps bien
musclé, se retourna vers l'inspecteur et cria : « Puisque vous me cherchez vous
aussi, vous allez me trouver ! » et il commença à se débarrasser de ses
vêtements. L'inspecteur crut que sa dernière heure venait de sonner. Et
furieusement, l'enseignant enleva tout d'abord sa veste, sa chemise et un sous
vêtement troué au niveau du nombril. Une fois son torse chevelu et bien taillé
fut découvert, il s'attaqua ensuite à la partie inférieure de son corps en
enlevant ses chaussures toutes usées et ses chaussettes qui inondèrent le petit
bureau du directeur d'une odeur nauséabonde, il détacha sa ceinture et retira
son pantalon. Il ne portait pas de slip.
Il se mit près de la porte du bureau et déclara solennellement : « Ecoutez-moi
bien tous les deux. Je vais me suicider en sautant du 2ème étage du bloc des
sciences et vous, vous allez croupir le reste de votre vie en prison parce que
vous ne voulez pas me laisser tranquille ».
L'inspecteur et le directeur devinrent pales.
Le professeur rejoignit la cour du collège en costume d'Adam tout en criant à
tue-tête : « Ecoutez moi bien tous, je veux me suicider. Je veux mettre fin à
cette vie de misère ! ». Tous les élèves quittèrent leurs classes et envahirent
la cour. Ils formèrent un cercle autour de l'enseignant déchaîné. Tous étaient
impressionnés par la longueur et la couleur de son appareil génital. Restées debout
dans les couloirs, les jeunes filles, quant à elles, admirèrent ce gros sexe
magistralement exposé. Quelle perte pour tout le village si jamais par hasard
cette verge venait à disparaître tragiquement. Aucun autre professeur n'osa
intervenir pour calmer l'homme nu. Déstabilisé par cet événement surréel, le
directeur alerta la police qui arriva une demi-heure après et conduisit le
malade au dispensaire le plus proche afin de lui administrer les premiers
soins.
Une fois le calme revenu, l'inspecteur quitta furtivement l'établissement et
regagna sa maison. Le jour suivant, il rédigea un rapport très détaillé sur le
comportement anormal du professeur et le remit le jour même à ses supérieurs.
Personne ne prit la peine de le lire étant donné que de telles situations
étaient devenues monnaie courante dans le monde de l'enseignement. Le
représentant du Ministère de l'Education jura de ne plus jamais remettre les
pieds dans ce collège. Quant au professeur, il fut autorisé à quitter le
dispensaire le soir même. L'unique médecin du village était en congé de
maladie. Il avait emporté avec lui la pharmacie portative. En admirant ce corps
musclé et doté d'un énorme phallus poilu, l'infirmière de garde déclara : « il
se porte à merveille ».
L'interprétation du pronom personnel sujet de cette phrase scinda les habitants
du village en deux clans.

Comme tous les soirs, sa grand-mère Médisance vint s'installer sur le moelleux
sofa près de son lit et commença à lui raconter cette histoire pour l'endormir.
« Il était une fois un petit inspecteur de l'enseignement tellement pédant
qu'il se prenait pour le père de la didactique du français. Cet homme n'était
ni formateur ni encadreur comme se plaisaient à le surnommer certains
enseignants qui espéraient améliorer leurs notes. Il était tout simplement un
inspecteur au vrai sens du terme. Lors de ses visites, au lieu d'aider les
professeurs à surmonter les difficultés que posaient certaines activités
scolaires, cet inspecteur principal fourrait son nez dans des affaires qui ne
relevaient pas de ses compétences, si bien que beaucoup d'enseignants ne
faisaient plus attention à ses remarques et qualifiaient cet homme indésirable
tantôt de « maniaque », tantôt de « pervers ».
Avide de situations sensationnelles ou sensuelles et jouant le rôle de
détective, le représentant du Ministère de l'Education se rendit un jour à un
collège dans l'espoir d'embêter un sérieux professeur de français. Le
directeur, un homme taciturne et hermétiquement renfermé sur lui- même, le
reçut froidement. Pour éviter les remarques gratuites et souvent maladroites de
l'inspecteur, il l'emmena immédiatement à la salle 61 où se trouvait le
professeur. Le prétendant encadreur salua sa future victime d'une manière
hautaine et s'installa à la première table en face du bureau. Il commanda au
pauvre enseignant ses documents pédagogiques. Pour éviter toute remontrance
susceptible de le déstabiliser, celui-ci s'exécuta docilement en posant tout
doucement les documents nécessaires. Tout y était : fiches de préparation de tout
le mois en cours, carnets de notes, feuilles de contrôles, cahier de textes…
L'enseignant entama sa leçon de grammaire par une intéressante mise en
situation. Tous les apprenants participaient activement. S'exprimant dans un
français parfaitement correct ils dégagèrent facilement la règle grammaticale
qui régissait la difficulté langagière visée. La séance fut couronnée par un
exercice qui confirma que les élèves avaient bien assimilé la leçon du jour. Or
l'inspecteur qui ne voulait pas revenir bredouille de sa ronde, persista dans
la recherche de l'indice irréfutable qui condamnerait l'innocente victime. Il
finit par trouver la piste qui le mènerait infailliblement au délit soupçonné
et demanda à l'accusé d'évacuer la salle et de le rejoindre à la même table
pour pouvoir élucider certains points suspicieux de l'activité entreprise en sa
présence. Il résuma la séance à laquelle il avait assisté par cette phrase : «
Pour moi en tant que didacticien, et par voie de conséquence, plus qualifié que
vous, cette leçon n'est pas une leçon de grammaire, vu que vous n'avez à aucun
moment songé à utiliser le moyen didactique le plus efficace dans ce type
d'activité, à savoir la CRAIE de couleur rouge ». La sentence allait
certainement être lourde. Le représentant des services centraux du ministère
avait l'habitude de prononcer ses jugements avec un sourire dédaigneux. Il
gesticulait beaucoup lors ses entretiens investigateurs avec les professeurs
coupables. Or ce jour là, comme il souriait à sa victime assise à côté de lui
et gesticulait un peu plus que d'habitude, il effleura le bras vigoureux du mis
en cause. Ce dernier se rappela quelques unes des histoires que lui avaient
racontées ses collègues sur les penchants homosexuels de l'inspecteur. Alors
pour échapper à toute sanction injuste et en bienfaiteur engagé, il décida
d'assouvir le désir de son supérieur. C'était une aubaine pour le professeur
car sa femme l'avait quitté depuis plus d'un mois. Calmement, il se leva donc
et alla se cacher derrière la porte. Il enleva tous ses vêtements et reparut
tout sourire en disant : « A votre service monsieur l'inspecteur ». Son énorme
sexe formait un angle très aigu avec son torse.
Jugeant que cet organe en érection parfaite était au dessus de ses capacités
physiques, le prétendant inspecteur paniqua et prit la fuite. Il rejoignit la
cour du collège en criant à tue tête : « Au secours ! Au secours ! Arrêtez cet
homosexuel qui veut me violer ».
Tous les élèves quittèrent leurs classes et envahirent la cour. Ils formèrent
un cercle autour de l'inspecteur déchaîné. Ils se moquaient de ce petit bout
d'homme qui prétendait avoir failli être victime d'un abus sexuel de la part du
plus sérieux professeur de l'établissement. Restées debout dans les couloirs,
les jeunes filles, quant à elles, commentaient à voix basse cet événement.
Quelle perte pour tout le village, si certains individus, comme ce visiteur
indésirable, abusaient de leurs pouvoirs et venaient, de temps en temps,
cueillir les verges les plus réputées. Aucun professeur n'osa intervenir pour
calmer le prétendant encadreur.
Déstabilisé par cet événement surréel, le directeur alerta la police qui arriva
2 heures plus tard et conduisit le représentant du Ministère de l'Education à
la clinique la plus proche pour lui administrer les premiers soins. Une fois le
calme revenu, l'enseignant remit ses vêtements, sortit tranquillement de la
salle 61 et demanda à ses élèves de rejoindre leurs places.
Quant au professeur, il fut autorisé à quitter la clinque le soir même. Le
médecin chef qui l'examina, laissa s'échapper ce diagnostic : « Surmenage. La
constitution physique du patient ne peut supporter des pressions fortes ».
L'interprétation du complément d'objet de cette phrase scinda les habitants du
village en deux clans.

Malheureusement, la guerre entre Vérité et Médisance fait toujours ravage.


                                                           
M. LAABALI
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